"Teleport se présente d’abord comme un livre numérique. L’internaute en est averti en page d'accueil par les mots «this is a book» et «a picture book», avant d'être plongé dans une histoire aux prémisses bien simples, mais efficaces: une intelligence extraterrestre se téléporte dans le corps d’un automobiliste et un dialogue intérieur s'engage entre le corps humain et l’intelligence extraterrestre. Pour situer l'œuvre, on voudra lire la thèse de David Jhave Johnston où il est écrit:
Teleport was completed in 2006 while reviewing cognitive science research into affect and synaesthesia. It is an online prose-poem that incorporates terminology and insights from cog-sci research inside a short fiction of an alien intelligence that teleports its mind into a human body. [ . . . ] Visually, Teleport extends my concern for affective pattern into a sustained study of inanimate matter and dead ‘things’. How are static tableaus (sic) read? What emotions are projected onto small inert items? (Johnston, 2007: 78 du document pdf).
Les fragments superposés aux images d’objets inertes permettent d’actualiser, grâce à une narration, ce qui en règle générale n’est pas considéré comme «beau»: une patte de poulet mort, les traces d’un déversement de pétrole sur une plage, des boules de poils et de poussière… Or, le texte accompagnant l’œuvre incite l’internaute à regarder ces objets de manière nouvelle – on peut supposer le regard un peu naïf de l’enfant ou du touriste.
Afin de se déplacer dans l’œuvre et de naviguer à travers les différentes pages proposées, l’internaute doit utiliser les flèches directionnelles de son clavier. Il peut aussi décider de peser sur le bouton «play» (le conventionnel triangle pointant vers la droite) pour suivre l’histoire en mode automatique. Manipuler l’œuvre soi-même permet toutefois d'optimiser l'expérience de l'internaute puisque le rythme de lecture peut être adapté, contrairement au rythme en lecture automatique qui varie seulement selon la longueur des fragments de texte. L’internaute peut donc manipuler la vitesse de défilement des photos et du texte s’il procède manuellement: les pages de photographies, qui servent d’arrière-plan aux textes, peuvent être changées grâce aux flèches du haut et du bas, alors que le texte est changé grâce aux flèches de gauche et de droite. Il est aussi possible de progresser dans le texte en cliquant sur l’écran (on peut de même déplacer les fragments de cette façon), mais on doit utiliser le clavier pour effectuer les retours en arrière. Il faut noter que l’internaute ne peut sauter les pages: il doit les changer une à une, ce qui rappelle une lecture plus traditionnelle, linéaire. Il peut toutefois revenir en arrière et, avec un peu de patience, faire les assemblages photos/textes qu’il désire. Dans le cas où l’internaute emploie le mode de lecture «automatique», les possibilités combinatoires deviennent presque infinies.
La façon dont les fragments apparaissent est aussi un élément participant au contexte de l’œuvre. L’intelligence extraterrestre, s’habituant peu à peu au corps de son hôte, doit mettre en ordre ses nouvelles perceptions. Les mots de chaque fragment sont donc d’abord affichés dans le coin supérieur gauche de l’écran, pour ensuite se repositionner et former la phrase dans la partie inférieure de l’écran. Quand la phrase est complète, elle est automatiquement déplacée vers la gauche. Lors des retours en arrière, le texte ne subit plus ces déplacements, comme si cette intelligence extraterrestre (on peut supposer, aussi, celle de l’internaute) avait déjà assimilé le contenu. Teleport, au final, pose des réflexions parallèles sur le sens que nous donnons aux objets inertes de notre environnement ainsi que sur notre rapport au corps: sommes-nous assez attentifs à ses signes organiques et jusqu’à quel point sommes-nous capables de décrire nos processus internes de compréhension?" -- From bleuOrange
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Published in 2011 by bleuOrange in Issue 4.
Preserved with Conifer by the Electronic Literature Lab. This copy was transferred to the Electronic Literature Lab in Summer of 2021.
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